
Cher apprenti aventurier, voyageur des temps modernes, assoiffé de nouvelles explorations (presque) hors des sentiers battus, je vais te raconter mon bref périple à Calakmul. Cette ancienne cité maya se situe dans l’état de Campeche, en plein milieu de la réserve de la biosphère du même nom. Attention, prépare-toi à mettre tes 5 sens en alerte lors d’une aventure immersive (non je ne fais pas la pub pour un parc-aventure quelconque).
Un aperçu rapide de l’histoire de Calakmul
Calakmul, aussi nommée « le royaume des serpents », avait pour principale rivale Tikal (ça rime!), se situant au Guatemala actuel. Pour mettre les choses au clair (au cas où), à l’époque il n’y avait ni Mexique ni Guatemala, on parlait alors des différentes civilisations de la mésoamérique. Ici donc, les Mayas. Vers les années 600 et quelques de notre ère, Calakmul a atteint son apogée, avant que son déclin ne commence vers les années 900. Avant d’atteindre son apogée, tu t’imagines bien qu’il y a eu des luttes pour le pouvoir diverses et variées, avec différentes cités mayas. Il paraît même que la cité maya de Calakmul entretenait des relations (économiques ?) avec la cité de Teotihuacan, bien plus au nord, ne faisant pas partie des terres mayas. Bref, en tout, la cité a quand même été habitée pendant plus d’un millénaire. Je ne vais donc pas te raconter toute son histoire, j’en suis incapable et ce serait très long. Pour plus de détails, il y a wikipédia. Ce que je vais te raconter, c’est mon expérience personnelle et surtout les détails pratiques pour aller découvrir les lieux par toi-même !
Comment se rendre à Calakmul et que prévoir ?
Les options pour se rendre à Calakmul sont différentes selon que tu possèdes ton propre moyen de transport, ou non. Quoi qu’il en soit, avec ou sans ta voiture, pour une journée moins chargée je te conseille de passer au moins une nuit à Xpujil, le village le plus proche. Si tu as une voiture, c’est encore mieux, tu peux choisir l’un des hôtels près de la bifurcation qui mène à la réserve de Calakmul, pour pouvoir partir encore plus tôt le matin et être quasi sur place. Il me semble qu’il y a également un logement à l’intérieur de la réserve. Pour ma part, je n’avais pas de transport, j’ai donc passé 2 nuits, enfin 1 et demi, à Xpujil (j’ai pris le bus direct pour Palenque à 3h du matin. C’était ça ou…très compliqué).
En transport public
Juste avant, j’étais à Campeche. Je suis donc partie tôt le matin en colectivo pour aller jusqu’à Escarcega, une ville à mi-chemin entre Campeche et Calakmul. Le temps de trajet est d’environ 2h et ça coûte 80 pesos (environ 3/4 €). L’idée est d’arriver avant midi à Escarcega, pour ensuite prendre un autre colectivo ou taxi partagé allant jusqu’à Xpujil (150 pesos, soit 6€). En général, il y en a un qui part vers 13h (les horaires sont bien entendu approximatifs, rien de précis). Il faut prendre son mal en patience, et attendre. Tu peux en profiter pour manger quelques tacos dans l’un des petit boui boui. Il y a à nouveau environ 2h de trajet. Si jamais tu as moins de temps et plus d’argent, tu peux prendre le bus ADO qui part à 14h de Campeche et arrive à Xpujil à 18h35 (520 pesos). Ca veut également dire que tu arrives plus tard.
En voiture
L’entrée à la réserve se fait par la bifurcation qui se trouve au KM96 de la route Escarcega – Bacalar. Attention, ce n’est pas vraiment une route à proprement parler, plutôt une sorte de chemin de terre.
Le logement
Tu peux réserver en avance (c’est certainement le plus simple), mais sinon en arrivant sur place tu seras dans le centre, et il y a plusieurs petits hôtels dans lesquels tu trouveras certainement de la place (à part peut-être si c’est vraiment la haute saison, comme Noël et le nouvel an ou la Semana Santa par exemple). De mon côté j’avais réservé la veille une petite cabane à Cabañas Chaac. La cabane est sympa, à noter que si tu voyages seul(e), ça revient quand même beaucoup plus cher qu’une nuit en dortoir (cette option n’existant pas près de Calakmul).
Ainsi après une partie de la journée dans les transports, j’ai eu la fin de l’après-midi pour me reposer à Xpujil. Dans les alentours il y a d’autres choses à voir, mais sans avoir son propre véhicule, il faudrait une journée de plus. Si tu as la chance d’être véhiculé, profites-en !
Conseils pour une expédition réussie
Il n’y a pas de transport public se rendant jusqu’à la réserve de Calakmul, il est donc important de s’organiser la veille pour pouvoir y aller. Je te conseille d’aller sur la page Facebook Calakmul Transporte Colectivo et de les contacter afin de leur demander s’il y aura un départ le lendemain (tu peux même faire ça quelques jours en amont). En effet, le transport ne part que s’il y a au moins 3 personnes. Ceci dit, ils sont vraiment très sympas et arrangeants. Dans mon cas, on n’était pas 3, mais la personne a contacté directement une autre « compagnie » (j’imagine qu’ils se connaissent tous et travaillent ensemble) et j’ai pu partir. Ils viennent même te chercher à ton hôtel, le matin à 7h. Le prix total est de 500 pesos par personne (20€) +le prix d’entrée à la réserve de la biosphère (un premier péage à 60 pesos, un deuxième à 80 et un dernier à 74…que je n’ai pas payé car ils n’avaient plus de bracelets, donc ils ne le facturaient pas. Sympa.). Tu partiras donc toute la journée, avec un retour vers 17h.
Donc, conseil n°2 : prévois un pique-nique ! (ou au moins des snacks pour la journée). Pense aussi à emporter assez d’eau (il fait chaud), de l’anti-moustique, de la crème solaire et de bonnes chaussures pour marcher. Évite la tenue classique tongs-short-débardeur quoi.
Profiter du peu de visiteurs, de la nature et de l’architecture
Après tous ces détails techniques, place à l’aventure ! Contrairement à de nombreuses ruines au Mexique, celle-ci est peu touristique, assez peu chère et tu ne feras pas la queue pour acheter ton billet. Le site étant immense et au milieu de la jungle, il existe plusieurs itinéraires que tu peux suivre et qui sont (à peu près) signalisés. Si tu as une photo de la carte du site (que tu trouveras à l’entrée), ça peut aider. J’ai choisi la balade la plus longue, et ça m’a pris environ 4h. Je n’ai vraiment pas croisé grand monde sur les ruines les plus reculées. J’étais souvent toute seule.
Prends-en plein la vue
Si tu veux te sentir comme un explorateur, je te conseille donc cette option-là, afin de te retrouver seul(e) parmi les ruines au milieu de la jungle. Lorsque tu arriveras vers les principales pyramides, tu le sauras. Il y a un peu de monde (pas trop quand même), et surtout, elles sont impressionnantes ! J’espère que tu es prêt(e) à faire de l’exercice, parce que les marches sont raides, très raides. En tout cas, une fois arrivé(e) en haut de la plus haute pyramide, le panorama est à couper le souffle. Des kilomètres et des kilomètres de jungle à perte de vue. Une mer verte. Et là, tu comprends pourquoi c’est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est juste incroyable. Quant t’es en haut de cette pyramide, tu te sens à la fois grand(e) parce que t’es monté(e) tout en haut, mais aussi très très petit(e) quand tu vois la nature qui t’entoure.
Ecoute les sons de la jungle
Tu sais, quand tu regardes un film qui se passe dans la jungle, tu entends toute sortes de bruits : les animaux, le vent dans les feuilles, les branches qui craquent, etc. Eh bien quand tu te balades à Calakmul, c’est un peu pareil, et certains sons sont surprenants. As-tu déjà entendu un singe hurleur ? Tous ces cris que tu entendras et qui ressemblent étrangement à des bruits d’animaux comme le jaguar par exemple (oui, il y a des jaguars dans la réserve), sont en fait des singes. Quand tu ne le sais pas, c’est assez effrayant ! D’ailleurs, n’oublie pas non plus de lever la tête pour apercevoir tous les singes araignée sautant d’arbre en arbre ! Quelle agilité.
Admire les merveilles architecturales
Les structures du site de Calakmul sont toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Tu te rends compte de l’ancienneté des lieux quand les arbres poussent dans les marches (un peu comme aux temples d’Angkor au Cambodge). Ça donne une ambiance particulière au site. Si tu lis un peu les panneaux explicatifs ou que tu as déjà des connaissances sur le peuple Maya, tu verras aussi que rien n’est laissé au hasard dans les cités. Tout est calculé, chaque détail a sa signification et son importance. Du haut de la plus haute pyramide, cachées parmi les arbres, tu pourras apercevoir deux autres pyramides. Encore une fois, je répète, la vue à 360° est époustouflante.
L’anecdote de la fin. Si tu es sceptique sur la présence de jaguars, cesse de l’être. Alors certes, tu ne les verras certainement pas, ils ont plus peur de toi que l’inverse. Par contre, le conducteur de mon van nous a raconté une histoire, vidéo à l’appui, pas très réjouissante. Un couple de touristes avait décidé de venir avec leur chien (interdit de rentrer avec un animal), et ne voulant pas annuler leur visite, ils ont donc attaché leur chien à un poteau avant l’entrée dans la réserve de la biosphère, en pensant le retrouver à la fin de la journée. Bon déjà, pas cool pour le chien. Et en plus de ça, ils auraient dû se renseigner avant : oui, il y a des jaguars. Et leur journée à Calakmul a donc coûté la vie à leur chien. Il s’est fait attaquer, emporter, arracher, manger par un jaguar. Berk. Et mon conducteur passait à ce moment là, il a donc eu la chance de voir un jaguar (mais un jaguar en train de tuer un chien). Voilà. N’emmène pas ton chien à Calakmul !